Tout comme l’homme, le cheval doit se nourrir convenablement. Pour arriver à bien l’alimenter, vous devez comprendre le rôle de la nutrition. C’est un domaine d'une grande importance pour les cavaliers et les propriétaires de chevaux. En effet, tous les étalons ne se nourrissent pas de la même façon. De plus, la multiplication des aliments pour les chevaux complique souvent le choix. Pour que vous arriviez à donner les meilleurs produits à votre animal, prenez compte des conseils suivants. Multiples sont les critères qui définissent la sélection de l’alimentation d’un cheval.

Comprendre les besoins nutritionnels du cheval

Comprendre les besoins nutritionnels du cheval est fondamental pour assurer sa santé et son bien-être. La physiologie digestive unique de cet animal herbivore nécessite une attention particulière à son régime alimentaire, tant en termes de quantité que de qualité des aliments fournis. Ainsi, la mise en valeur de cette fragilité digestive vous aidera à dénicher la meilleure alimentation cheval.

Physiologie digestive du cheval

Le cheval possède un système digestif adapté à une alimentation continue, riche en fibres. Son estomac, relativement petit par rapport à sa taille, produit de l'acide en permanence. Cette particularité physiologique implique que le cheval doit manger fréquemment, par petites quantités, pour éviter les risques d'ulcères gastriques. Dans la nature, les chevaux passent entre 14 et 18 heures par jour à s'alimenter, principalement en broutant de l'herbe.

Importance de la mastication

La mastication joue un rôle crucial dans la digestion du cheval. Elle stimule la production de salive, qui aide à tamponner l'acidité de l'estomac. Un cheval devrait mastiquer environ 40 000 fois par jour pour maintenir une bonne santé digestive. Cette activité contribue également à l'usure régulière des dents et au bien-être mental de l'animal.

Besoins en matière sèche

Les chevaux ont besoin d'un apport quotidien en matière sèche représentant au minimum 2% de leur poids vif. Ainsi, pour un cheval de 500 kg, cela correspond à un minimum de 10 kg de matière sèche par jour. Cette quantité peut varier en fonction de l'activité du cheval, de son état physiologique (croissance, gestation, lactation) et des conditions environnementales.
Poids du cheval (kg) Besoin minimum en matière sèche (kg/jour)
400 8
500 10
600 12

Équilibre nutritionnel

Une alimentation équilibrée est essentielle pour maintenir la santé et les performances du cheval. Elle doit apporter suffisamment d'énergie, de protéines, de vitamines et de minéraux. Les besoins varient selon l'âge, le sexe, la race, le niveau d'activité et l'état physiologique du cheval.

Macronutriments

Les principaux macronutriments nécessaires sont :
  • Les glucides : principalement sous forme de fibres (cellulose, hémicellulose) pour l'énergie et la santé digestive
  • Les protéines : pour la croissance, l'entretien des tissus et la production de lait chez les juments
  • Les lipides : source d'énergie concentrée, particulièrement utile pour les chevaux de sport

Micronutriments

Les vitamines et minéraux sont essentiels en petites quantités. Par exemple, le calcium et le phosphore sont cruciaux pour la santé osseuse, tandis que le sélénium et la vitamine E jouent un rôle important dans la fonction musculaire et immunitaire.

Adaptation de l'alimentation

L'alimentation doit être adaptée aux besoins spécifiques de chaque cheval. Un poulain en croissance aura des besoins différents d'un cheval adulte au repos, tout comme un cheval de course nécessitera un apport énergétique supérieur à celui d'un cheval de loisir. Il est recommandé de consulter un vétérinaire ou un nutritionniste équin pour établir un plan alimentaire personnalisé.

Choisir des fourrages de qualité

Le fourrage constitue la base fondamentale de l'alimentation équine, représentant idéalement 60 à 70% de la ration quotidienne. Un apport suffisant en fourrage de qualité est indispensable pour assurer le bon fonctionnement du système digestif du cheval et prévenir divers troubles de santé.

L'importance du fourrage dans l'alimentation équine

Le cheval est un herbivore adapté physiologiquement à ingérer de grandes quantités de fibres tout au long de la journée. À l'état naturel, il passe 15 à 18 heures par jour à brouter. Le fourrage doit donc occuper une place prépondérante dans son régime alimentaire, même en conditions domestiques. Un apport suffisant en fourrage permet de :
  • Favoriser une mastication prolongée, essentielle à la santé bucco-dentaire
  • Stimuler la production de salive, qui tamponne l'acidité gastrique
  • Maintenir un transit intestinal régulier
  • Prévenir les troubles comportementaux liés à l'ennui
  • Apporter les fibres nécessaires à la flore intestinale

Critères de qualité d'un bon fourrage

La qualité du fourrage est primordiale pour garantir une alimentation saine et équilibrée. Voici les principaux critères à prendre en compte :

Aspect visuel et olfactif

Un foin de qualité doit présenter une couleur verte homogène, sans zones brunâtres ou grisâtres qui pourraient indiquer la présence de moisissures. L'odeur doit être agréable et fraîche, sans notes de renfermé ou de moisi. La texture doit être souple, sans zones compactées ou poussiéreuses.

Composition botanique

Un mélange équilibré de graminées et de légumineuses est idéal. Les graminées (dactyle, fétuque, ray-grass) apportent des fibres structurantes, tandis que les légumineuses (luzerne, trèfle) sont riches en protéines et minéraux. La diversité botanique favorise également l'appétence.

Stade de récolte

Le foin doit être récolté au bon stade végétatif, idéalement au début de l'épiaison pour les graminées et au début de la floraison pour les légumineuses. Un stade trop avancé diminue la digestibilité et la valeur nutritive.

Absence de plantes toxiques

Il est crucial de s'assurer que le fourrage ne contient pas de plantes toxiques pour les équidés, comme le séneçon de Jacob, la mercuriale ou le millepertuis.

Comparaison des différents types de fourrages

Voici un tableau comparatif des principaux types de fourrages utilisés dans l'alimentation équine :
Type de fourrage Taux de matière sèche Avantages Inconvénients
Herbe fraîche 15-20% Riche en nutriments, très appétent Disponibilité saisonnière, risque de fourbure si excès
Foin de prairie 85-90% Polyvalent, bonne conservation Qualité variable selon récolte et stockage
Foin de luzerne 85-90% Riche en protéines et calcium Trop riche pour certains chevaux, risque de poussière
Enrubanné 50-60% Bonne conservation, appétent Coût élevé, risque de fermentation si mal conservé

Adaptation du fourrage aux besoins spécifiques

Le choix du fourrage doit être adapté aux besoins individuels de chaque cheval :

Chevaux au box

Pour les chevaux vivant principalement en box, il est recommandé de fournir du foin à volonté, idéalement réparti en 3 à 4 repas par jour. L'utilisation de filets à foin permet de ralentir l'ingestion et de prolonger le temps de mastication. Un apport quotidien minimum de 1,5% du poids vif en matière sèche de fourrage est nécessaire.

Chevaux au travail

Les chevaux à l'entraînement ont des besoins énergétiques accrus. Un foin de bonne qualité nutritionnelle (récolté précocement) ou un mélange foin-luzerne peut être approprié. L'ajout d'enrubanné peut également être envisagé pour augmenter l'apport énergétique sans recourir excessivement aux concentrés.

Chevaux âgés ou avec problèmes dentaires

Pour ces chevaux, privilégier des fourrages tendres et faciles à mastiquer comme le foin de prairie jeune ou l'enrubanné. L'utilisation de foin trempé ou de bouchons de luzerne réhydratés peut également faciliter l'ingestion. Le choix d'un fourrage de qualité, adapté aux besoins spécifiques de chaque cheval, est la pierre angulaire d'une alimentation équine saine et équilibrée. Une attention particulière portée à cet aspect permettra de prévenir de nombreux problèmes de santé et d'optimiser le bien-être de l'animal.

Intégrer des concentrés et aliments complémentaires

L'intégration de concentrés et d'aliments complémentaires dans la ration du cheval doit être réfléchie et adaptée à ses besoins spécifiques. Bien que le fourrage constitue la base de l'alimentation équine, certains chevaux nécessitent un apport énergétique ou nutritionnel supplémentaire que seuls les concentrés peuvent fournir. Cependant, leur utilisation doit être maîtrisée pour éviter tout déséquilibre alimentaire potentiellement néfaste pour la santé de l'animal.

Quand ajouter des concentrés à l'alimentation du cheval ?

L'ajout de concentrés dans la ration du cheval se justifie dans plusieurs situations :
  • Pour les chevaux de sport ou de travail ayant des besoins énergétiques élevés
  • Chez les juments en gestation (dernier tiers) ou en lactation
  • Pour les poulains en croissance
  • Chez les chevaux âgés ayant des difficultés à maintenir leur poids
  • En cas de convalescence ou de récupération après une maladie
Il est important de noter que de nombreux chevaux au repos ou ayant une activité légère peuvent se contenter d'une alimentation basée uniquement sur le fourrage, à condition que celui-ci soit de bonne qualité et en quantité suffisante.

Les différents types de concentrés disponibles

Il existe une grande variété de concentrés sur le marché, chacun ayant des propriétés nutritionnelles spécifiques :

Les céréales

L'avoine, l'orge et le maïs sont les céréales les plus couramment utilisées. Riches en amidon, elles apportent de l'énergie rapidement assimilable. Cependant, leur utilisation doit être rationnée car un excès peut entraîner des troubles digestifs et métaboliques.

Les aliments composés

Ces aliments industriels se présentent sous forme de granulés ou de floconnés. Ils sont formulés pour répondre aux besoins spécifiques des chevaux selon leur âge, leur activité ou leur état physiologique. On distingue :
  • Les aliments d'entretien : pour les chevaux au repos ou ayant une activité légère
  • Les aliments "énergie" : pour les chevaux de sport ou de travail
  • Les aliments "croissance" : pour les poulains et les jeunes chevaux
  • Les aliments "senior" : adaptés aux besoins des chevaux âgés

Les compléments alimentaires

Ces produits visent à corriger des carences spécifiques ou à soutenir certaines fonctions de l'organisme. On trouve par exemple :
  • Les compléments minéraux et vitaminiques (CMV)
  • Les compléments articulaires (à base de chondroïtine, glucosamine, etc.)
  • Les compléments pour le système respiratoire ou digestif
  • Les compléments pour la peau et le poil

Choisir les aliments adaptés aux besoins du cheval

La sélection des concentrés et compléments doit se faire en fonction de plusieurs critères :
  • L'âge du cheval : les besoins nutritionnels varient considérablement entre un poulain en croissance et un cheval adulte
  • L'activité : un cheval de loisir n'aura pas les mêmes besoins qu'un cheval de compétition
  • L'état de santé : certaines pathologies peuvent nécessiter une adaptation de l'alimentation
  • La saison : les besoins énergétiques augmentent en hiver pour lutter contre le froid
Il est recommandé de consulter un vétérinaire ou un nutritionniste équin pour établir une ration équilibrée et adaptée à chaque cheval.

L'importance du ratio fourrage/concentrés

Le respect d'un bon ratio entre le fourrage et les concentrés est fondamental pour préserver la santé digestive du cheval. Les experts recommandent que le fourrage représente au minimum 1% du poids vif du cheval en matière sèche, soit environ 5 kg de foin par jour pour un cheval de 500 kg. Le ratio fourrage/concentrés doit être supérieur à 1, ce qui signifie que la quantité de fourrage doit toujours être plus importante que celle des concentrés. Voici un exemple de répartition des apports pour un cheval de sport de 500 kg :
Type d'aliment Quantité (kg/jour) % de la ration
Foin 7 70%
Concentrés 3 30%
Un excès de concentrés au détriment du fourrage peut entraîner des troubles digestifs graves comme les coliques ou les ulcères gastriques. De plus, une alimentation trop riche en amidon peut favoriser l'apparition de fourbure, une affection douloureuse des sabots.

La distribution des concentrés

Pour optimiser la digestion et limiter les risques de troubles, il est préférable de fractionner les repas de concentrés en plusieurs petites rations quotidiennes. L'idéal est de ne pas dépasser 1,5 kg de concentrés par repas pour un cheval de taille moyenne. Les repas doivent être espacés d'au moins 4 heures pour permettre une bonne digestion. L'intégration de concentrés et d'aliments complémentaires dans la ration du cheval doit être réfléchie et adaptée à ses besoins spécifiques. Une attention particulière doit être portée au maintien d'un ratio fourrage/concentrés équilibré pour préserver la santé digestive de l'animal. En cas de doute, il est toujours préférable de consulter un professionnel pour établir une ration sur mesure.

Évaluer les rations et prévenir les carences

L'évaluation régulière des rations alimentaires est primordiale pour garantir la santé et le bien-être des chevaux. Une alimentation équilibrée et adaptée permet de prévenir de nombreux problèmes de santé et d'optimiser les performances de l'animal. Voici les points essentiels à considérer pour évaluer les rations et prévenir les carences nutritionnelles chez les équidés.

Analyse des besoins nutritionnels

La première étape consiste à déterminer précisément les besoins nutritionnels du cheval en fonction de son âge, de son poids, de son activité et de son état physiologique. Un cheval de loisir n'aura pas les mêmes besoins qu'un cheval de sport ou une jument gestante. Il est recommandé de peser régulièrement le cheval et d'évaluer son état corporel à l'aide d'une grille de notation sur 9 points. Cette évaluation permet d'ajuster les apports énergétiques et protéiques en conséquence.

Composition de la ration de base

La ration de base doit être composée majoritairement de fourrages (herbe, foin, enrubanné) qui doivent représenter au minimum 1,5% du poids vif en matière sèche. Les concentrés (céréales, aliments composés) ne devraient pas dépasser 40% de la ration totale pour éviter les troubles digestifs. Il est important de peser précisément les aliments distribués et de noter les quantités dans un cahier pour faciliter le suivi.

Utilisation des compléments minéraux et vitaminiques (CMV)

Les CMV jouent un rôle crucial pour rééquilibrer l'alimentation et corriger d'éventuelles carences. Ils apportent les minéraux, oligo-éléments et vitamines nécessaires au bon fonctionnement de l'organisme. Le choix du CMV dépend de la ration de base et des besoins spécifiques du cheval. Par exemple, un cheval recevant uniquement du foin aura besoin d'un CMV plus riche en calcium qu'un cheval au pré. Les quantités à distribuer varient généralement entre 50 et 150 g par jour selon les produits.

Exemple de budget annuel pour l'alimentation d'un cheval de loisir de 500 kg

Aliment Quantité annuelle Coût estimé
Foin 3650 kg 1460 €
Concentrés 730 kg 511 €
CMV 36,5 kg 182 €
Total 2153 €

Prévention des carences et des excès

Une alimentation inappropriée peut entraîner diverses pathologies. L'obésité, fréquente chez les chevaux de loisir, augmente les risques de fourbure et de syndrome métabolique équin. À l'inverse, une sous-alimentation peut provoquer une perte de masse musculaire et une baisse des défenses immunitaires. Les carences en minéraux et vitamines peuvent avoir des conséquences graves : ostéochondrose chez le jeune en croissance (manque de cuivre), myopathie nutritionnelle (carence en sélénium), anémie (carence en fer)... Il est donc indispensable de réaliser des bilans sanguins réguliers pour détecter précocement d'éventuels déséquilibres.

Rôle du vétérinaire dans le suivi nutritionnel

Le vétérinaire est l'interlocuteur privilégié pour réaliser des bilans nutritionnels complets. Il peut effectuer des analyses de sang et de fourrages pour évaluer précisément les apports et les besoins. Ces examens permettent de détecter les carences subcliniques avant l'apparition de symptômes. Le vétérinaire pourra alors formuler des recommandations personnalisées pour adapter la ration. Il est conseillé de réaliser un bilan nutritionnel au moins une fois par an, et plus fréquemment en cas de changement de situation (gestation, reprise du travail, convalescence...).

Points clés du bilan nutritionnel vétérinaire

  • Examen clinique complet et notation de l'état corporel
  • Analyse des aliments distribués (fourrages, concentrés)
  • Bilan sanguin (minéraux, oligo-éléments, vitamines)
  • Calcul des apports et des besoins
  • Formulation de recommandations alimentaires
  • Suivi et ajustements réguliers
L'évaluation régulière des rations et la prévention des carences nutritionnelles sont des aspects fondamentaux de la gestion alimentaire des chevaux. Une approche rigoureuse et personnalisée, en collaboration avec un vétérinaire spécialisé, permet d'optimiser la santé et les performances des équidés tout en prévenant de nombreuses pathologies d'origine nutritionnelle.